Coeurs vides, de Julie Zeh

 Tissu coton uni Cristina noir

Cœurs vides prend place dans une société allemande du futur proche où Merkel, humiliée et remplacée par le leader d'un parti populiste, a disparu de la vie politique.

Julie Zeh dépeint au présent l'amitié entre deux couples qui, chacun à sa façon, se considère comme extérieur ou supérieur, distinct en tout cas, de la vie politique et de la société allemande.

Le premier cherche son bonheur dans une vie champêtre où oublier les tracas et la ville ; vie qu'il ne pourrait se payer sans l'aide matérielle du second couple. Le second couple, lui, poursuit le rêve d'une réussite matérielle et professionnelle qui le protégera de la récession économique.

Le cynisme est annoncé dans ce texte à la couverture noire. "Knut et Janina arrivent à dix-sept heures" en toute première page : la bourgeoisie, de bout en bout, est bien organisée et respecte l'heure du thé. Et Julie Zeh de dépeindre le désespoir où s'enfonce son personnage qui, persuadée de pouvoir vivre deux vies, alliée, dans le privilège conjugal et matériel, à son mari Richard et, dans le privilège moral, à son associé Babak, finit par n'être plus comprise ni de l'un, ni de l'autre - ni de la lectrice perplexe.


On sait combien est difficile de créer une société secrète, dans la vie comme dans la fiction, tant il s'agit à la fois de rester secrète et de recruter pour pouvoir atteindre ses objectifs. Ici, Julie Zeh a recours aux magies technologiques et au détachement affectif, non moins magique, de son personnage principal, pour justifier et élaborer son système littéraire. 

 Cela ne suffit malheureusement pas à nous rendre crédibles et compréhensibles les actions décrites et les solutions trouvées par nos héros qui, vides d'affects autant que de motifs, nous abandonnent sur un canapé, face à un bulletin d'information ultra-violent, une coupe de prosecco à la main.




 

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