Solak, de Caroline Hinault

 



Comme moi, Caroline Hinault aime l'argot, la gouaille, les gros mots. Façon Céline, elle donne voix à un vieux militaire envoyé au milieu de rien (au nord du cercle polaire arctique) pour ne rien accomplir (garder un drapeau). 

L'autrice se lance le défi de nous faire traverser, avec Piotr et ses trois compagnons, la grande nuit, l'embâcle, jusqu'au prochain soleil de minuit. Elle donne à son narrateur un rapport à la fois brutal et émerveillé, scato et lyrique, à la banquise qui l'entoure. 

J'avoue, le côté tontons flingueurs au pôle Nord de cette voix qui nous emmène a pu m'agacer, moi qui avais choisi, exprès, de lire une jeune autrice et un texte dédié "aux femmes-promesses". Et puis, la dureté de la cohabitation et de l'hiver arctique m'a saisie et a comme figé ce flot de testostérone - en congères ? - jusqu'à me faire oublier mon recul initial et me faire comprendre in fine, façon True Grit, que le prochain acte de violence ne viendrait pas des hommes.

Je ne peux évoquer que vaguement la fin du livre, pour ne pas tout divulgâcher ; disons seulement qu'alors qu'elle m'a semblé infiniment peu plausible, j'ai pu y croire et la voir de mes yeux, sans doute parce qu'elle était mise en scène au creux de cet hiver de cauchemar où j'étais prise avec Roq, Grizzly, Piotr et le gamin. 

Du pouvoir de la glace en littérature :)

T.C.

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